vendredi 30 octobre 2009

Affaire Boulin : le témoignage d’Hermann Stromberg

Depuis le 27 octobre dernier, les révélations de nouveaux témoins se multiplient autour de la mort du ministre Robert Boulin en 1979. A tel point que la justice pourrait reconsidérer le non lieu qui avait clos l’enquête à l’époque… Un réveil pour le moins tardif : en 1990, déjà, Arnaud Hamelin recueillait pour Sunset Presse le témoignage d’Hermann Stromberg, qui remettait en cause la thèse du suicide.

Il y a 30 ans, jour pour jour, le corps de Robert Boulin, ministre du travail en exercice, et pressenti pour remplacer Raymond Barre à Matignon, était retrouvé au bord d’un étang de la forêt de Rambouillet. Conclusion de l’enquête : suicide. Une thèse accréditée par une lettre tapée à la machine, retrouvée dans la corbeille à papier du bureau du ministre. Cette lettre, qui s’ouvre sur : « j’ai décidé de mettre fin à mes jours », développe ensuite sur quatre pages la ligne de défense du ministre dans l’affaire de la « garrigue de Ramatuelle ».

Depuis plusieurs semaines, en effet, le ministre était la cible d’attaques très virulentes dans la presse, déclenchées après qu’un corbeau ait fait parvenir à plusieurs journaux des lettres accusant Robert Boulin d’avoir illégalement acquis un terrain dans le Var, pour y construire une résidence secondaire.

Pour la justice, Robert Boulin aurait craqué sous la pression médiatique, et se serait suicidé. Fin de l’histoire.

Sauf que : au fil des ans, les témoignages se sont accumulés, dénonçant les manquements de l’enquête, les omissions des médecins légistes, la disparition de scellés… Et, surtout, l’incohérence des faits.

Parmi ceux-ci, celui d’Hermann Stromberg, qui livrera son témoignage à l’Humanité en novembre 1988 ; Stromberg, une relation de Robert Boulin, qui affirme avoir eu rendez-vous avec Robert Boulin le 29 octobre 1979, devant la mairie à St Léger en Yvelines. Un rendez-vous auquel il se serait rendu, accompagné de Charles Bignon, un ancien député. Ils auraient accompagné Robert Boulin près d’un étang, en forêt de Rambouillet, où d’autres protagonistes les auraient retrouvés, dont Henri Tournet, le promoteur du fameux terrain de Ramatuelle, un certain Ernst Siegrist, décrit par Stromberg comme un mafieux lié à l’Opus Dei, et plusieurs policiers. Stromberg et Bignon auraient ensuite vu Robert Boulin s’enfoncer dans la forêt en compagnie de cet étrange aréopage, et n’en serait pas ressorti…

En 1990, Hermann Stromberg renouvelle son témoignage, cette fois ci devant la caméra d’Arnaud Hamelin, qui réalise pour Sunset Presse un documentaire sur Robert Boulin, diffusé par la 5. Extrait.


Stromberg dit-il la vérité ? Ment-il ? Ou brode-t-il autour d’une demi-vérité ? Sa version des faits semble accréditer la thèse de l’assassinat de Robert Boulin.

Mais qui aurait pu, et pourquoi, prendre le risque d’assassiner un ministre en exercice ? Trois anciens ministres, Alexandre Sanguinetti, Michel Jobert et Olivier Guichard, ont à plusieurs reprises confié leur conviction que Robert Boulin aurait été tué parce qu’il en savait trop sur le financement occulte du RPR, notamment par Saddam Hussein et Omar Bongo. Son assassinat aurait été organisé par le S.A.C., que dirigeait Charles Pasqua…

Une chose est sûre, cependant : le témoignage de Hermann Stromberg n’a jamais été sérieusement examiné par les autorités judiciaires, même après sa diffusion sur la 5.

 
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