mardi 19 janvier 2010

Journalistes enlevés en Afghanistan : réactions en chaîne (2)

La polémique continue d'enfler autour de l'enlèvement de deux journalistes de France 3 en Afghanistan. Ce matin, sur France Inter, Stéphane Guillon livrait une chronique assassine sur l'affaire :



Bref résumé des épisodes précédents :

Le 30 décembre dernier, deux journalistes de France 3, en reportage en Afghanistan pour le magazine "Pièces à conviction"sont enlevés avec leurs trois accompagnateurs afghans à 60 kilomètres au nord de Kaboul. Un guet apens leur aurait été tendu par les Talibans.

Le 3 janvier, Paul Nahon, directeur des magazines de France Télévisions, confirme être "sans nouvelles des deux journalistes depuis 48 heures".

Le 5 janvier, lors du conseil des Ministres, le Président Sarkozy, selon des propos rapportés par Europe 1, villipende violemment "l'imprudence coupable" de ces journalistes, et demande au gouvernement la totale transparence quant aux coûts engendrés par leur sauvetage.

Le 6 janvier, la Fédération française des agences de presse (FFAP) répond aux propos supposés de Nicolas Sarkozy dans un communiqué rappelant que les journalistes ne sauraient être assimilés à des skieurs imprudents, et qu'en tout état de cause, le devoir de l'Etat "consiste à protéger ses concitoyens, les journalistes tout comme les spéléologues ou les skieurs".

Le 15 janvier, c'était au tour du Syndicat national des journalistes (SNJ) de réagir, dans un communiqué précisant qu'il était "tout à l'honneur des journalistes d'aller exercer leur profession là où c'est le plus nécessaire."

Le 17 janvier, c'est Claude Guéant, Secrétaire général de l'Elysée, qui relance la polémique, en confirmant sur Europe 1 les propos de Nicolas Sarkozy, et en ajoutant qu'il ne "faut pas rechercher le scoop à tout prix."


Dans la foulée, la Société des journalistes de France 3 dénonçait le "cynisme effrayant" de Claude Guéant et l'Association du prix Albert Londres se fendait à son tour d'un communiqué rappelant que "le devoir d'informer est une condition vitale de la démocratie, au même titre que la liberté d'expression."

Hier soir, c'est un communiqué collectif des amis et confrères des deux journalistes détenus en Afghanistan, publié par Libération, qui enfonçait le clou : "Journalistes et amis, nous n’accepterons pas que la réputation de nos confrères soit salie et diminuée alors même qu’ils sont encore aux mains de leurs ravisseurs et qu’ils n’ont pas encore livré le récit de leur enlèvement."

Le Monde, quant lui, publiait des extraits de l'interview donnée par Florence Aubenas à la chaîne Public Sénat : "On parle de la liberté d'informer et on vient leur dire que l'addition est lourde. Elle est d'abord lourde pour eux, les otages."

Ce matin, enfin, c'est la direction de France télévision qui publiait son communiqué : "pleinement consciente de l'inquiétude et de l'émotion qui règnent dans les rédactions du groupe et, au-delà, chez tous les salariés". Sa seule priorité reste en effet de "voir les deux journalistes revenir le plus vite possible au sein de leurs familles et de leur rédaction. Toute autre considération ne serait pas recevable."

Seul Frédéric Lefebvre semble vouloir prendre la défense de Claude Guéant : «les propos du secrétaire général de l’Elysée ont le mérite de souligner que la vie est plus importante que tout!» On connaissait déjà la subtilité dialectique du porte-parole de l'UMP, mais là, il se surpasse...

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